Interrogé dans les colonnes de France Football , Michael Ciani revient sur le début de saison délicat de son équipe , les difficultés récurrentes depuis un an et demi, son niveau ...
Michael, n'en avez vous pas marre de galérer depuis le mois de Mars 2010?
C'est la réalité, ce n'est pas agréable, mais faut faire son job du mieux possible. Je continue de croire que ça va s'arranger. Remarquez, je me répète la même chose depuis un an et demi. Tous les matchs qu'on joue, je me dis qu'on va les gagner. Samedi, je pensais qu'on battrait Evian 2-0. Je me dirai la même chose à Toulouse lors de la prochaine journée.
Et pourtant plus ça va et moins ça va ...
Oui mais bon. C'est sûr que les gens n'attendent pas Bordeaux à ce niveau-la. Il se trouve aussi que la barre a été placée très haut avec le titre de champion de France, même si l'équipe ne l'est pas devenue par hasard. Pour moi, Bordeaux au minimum doit être européen chaque saison.
Pensez-vous sincèrement que votre équipe ait les moyens de jouer ce rôle cette année?
Il y a de la qualité, c'est un bon groupe. Faudrait juste que chacun joue à son meilleur niveau. Pour ça, faudrait qu'on retrouve la confiance. Et ça passera par le travail. D'ailleurs, c'est toujours ce mot qui revient. Faut travailler.
On parle aussi de déclic.
Un déclic? Je ne crois pas trop en cette notion. Le déclic on croyait l'avoir provoqué en égalisant en fin de rencontre à Valenciennes. On a vu ce que ça a donné. Non, ce dont on a besoin, c'est d'efficacité. Quand on a deux occasions dans un match, il faut savoir au moins en mettre une. Mais transformer une occasion sur deux, c'est pas facile, c'est clair.
Parfois, ne vous dites-vous pas que vous avez perdu une grande partie de vos qualités, aussi bien personnellement que collectivement?
Perdu, c'est un peu excessif. C'est un ensemble de choses. Et puis c'est paradoxal, je pense à Wendel, qui rentrait tout ce qu'il voulait et qui pendant un an n'a plus rien mis. Je me demande alors à quoi ça tient. A rien. C'est super fragile.
Aviez-vous déjà traversé une période aussi longue et aussi difficile à vivre?
Oui quand je suis arrivé à Auxerre de Charleroi, alors que j'étais en espoirs. J'ai été blessé longtemps et je n'ai du m'asseoir que trois ou quatre fois sur le banc. Guy Roux ne m'a pas fait confiance. Je n'ai pas craqué. Je suis parti me relancer à Sedan et nous avons obtenu la montée. Il ne faut surtout rien lâcher. Aujourd'hui c'est pareil.
Finalement les joueurs bordelais et le club ne sont-ils pas redescendus à leur véritable place? Celle de Bordeaux, ça ne doit quand même pas être la 11ème place.
Dans son histoire, ce club a toujours connu des hauts, mais aussi des bas ...
Avec le recul, je me dis qu'il y a dix-huit mois on vivait dans un contexte particulier. Je suis arrivé après le titre, l'équipe était sur un nuage. On était intouchables, on pouvait en mettre trois par match. Ce n'est plus le cas. On est dans une spirale négative. On a du mal à en sortir. Quand on regarde en arrière, on voit tout le chemin qu'on a parcouru , mais pas dans le bon sens.
Vous êtes vous même moins rayonnant, pourquoi?
De toutes les façons, ce n'est pas moi tout seul qui vais changer la situation. Je ne suis pas le buteur, ni le créateur.
N'empêche que vous êtes moins tranchant. Contre Evian-TG, par exemple, vous auriez pu appuyer vos montées, apporter le surnombre et on ne vous a pratiquement pas vu le faire ...
J'ai fait le travail quand j'ai passé le ballon à mon milieu. C'est dur de sortir du lot quand le collectif ne va pas bien.
Certains y parviennent ...
Je sais que je ne suis pas à mon niveau, moi non plus. J'avais pour habitude de transpercer, et là je suis sur la retenue. Je n'ose plus. On n'ose plus sur le terrain. Même sur les phases arrêtées, je ne marque plus depuis un bon bout de temps. Que voulez-vous ...
L'équipe actuelle n'est-elle pas nettement moins forte que les années précédentes? Avec tous les joueurs qu'elle a perdu, ça serait normal ...
Lyon et Marseille aussi perdent des joueurs et ils sont encore là même si pour l'OM c'est pas terrible en ce moment. Ce que je veux dire, c'est que des grands joueurs ça se remplace. C'est le club qui compte. Là effectivement, je ne sais pas si Bordeaux offre toujours l'image d'un grand club. Pour mois, les girondins ce n'est pas ça.
Souffrez-vous de cette situation?
J'ai vraiment trouvé la saison dernière horrible. Le mot est peut-être un peu fort mais il y a pleins de synonymes. Il ne régnait pas une super ambiance. C'était fermé, froid. Oui pas drôle du tout.
Y-a-t-il des raisons objectives pour que le tableau s'améliore?
On a un nouveau coach qui va nous redonner le plaisir de jouer.
Ce n'est pas très bien parti ...
D'accord, mais attendons encore un peu avant de porter des jugements.
En quoi Gillot est-il diffèrent de Tigana?
A l'entraînement, on touche davantage le ballon. Et puis Gillot, il est pas dans la réaction. Il agit beaucoup. Il est présent, il a également d'excellents adjoints.
Il dit aussi qu'il n'est pas magicien, ni médecin ...
Je vous le répète, la seule recette, c'est le travail. C'est bête à dire, mais c'est comme ça. C'est aux joueurs d'en faire plus, beaucoup plus. De montrer à chaque sortie un véritable allant, de l'enthousiasme. Maintenant, tout ça, je le sais bien, ce ne sont que des mots.
Estimez-vous que tous les joueurs s'impliquent totalement?
Je ne peux parler que de mon cas personnel, je ne suis pas dans la tête des autres. Moi, j'essaie d'être pro jusqu'au bout.
Vous les joueurs n'êtes vous pas installés dans un trop grand confort?
C'est clair, il faut se faire violence, afficher encore plus d'abnégation.
On a l'impression que cette équipe et ce club s'essoufflent de plus en plus.Imaginez-vous que sa position puisse devenir encore plus critique? Je ne le souhaite pas. Il faut quand même faire très attention.
Pensez-vous pensez que ce qui est arrivé à Nantes, à Lens, à Monaco, puisse se produire à Bordeaux?
Je ne veux pas y penser, mais je constate qu'il y a des grands clubs qui sont aujourd'hui en ligue 2. Faut jamais oublier que cela peut aller très vite.